Briqueterie | ||
Du XIème au XIVème siècle, les
techniques évoluent mais surtout de nouveaux matériaux
produits par des artisans spécialisés sont employés :
le phénomène est d'autant plus important qu'il va de
pair avec d'autres innovations comparables dans d'autres
secteurs, et tout spécialement dans la charpente. Ainsi
la construction en pierre, là ou elle est disponible, ou
en brique, à proximité de gisements d'argile,
apparaissent et se répandent avec l'émergence de la
société féodale. Par ailleurs, le produit obtenu, la
maison, a changé de nature : elle devient une bâtisse
permanente, transmissible pendant quelques générations
et abritant par conséquent une famille. Une mentalité
nouvelle, une forme nouvelle de relation entre les
humains et leur maison apparaît alors. La brique est
présente en Europe chez les romains, mais elle ne rentre
pas dans les murs du Haut moyen Age, celle qui nous
concerne apparaît vers 1170, le long des côtes de la
mer du Nord dans la mouvances des ordres religieux
Cisterciens et Prémontrés, grands bâtisseurs de monastères
et d'églises. La cuisson de briques nécessite une température supérieure
à 900°C durant plusieurs heures. La technique la plus
ancienne semble être la meule : structure temporaire faite des
briques elles-même, empilées en rangées alternées
avec du combustible. De 4 à 10 m de côté sur 3 à 6 m.
de hauteur, ces structures d'au moins 40.000 briques, étaient
revêtues d'argile pour former une véritable chambre de
cuisson. Ce mode de cuisson perdura jusqu'au début du siècle
dans les, alors encore nombreuses, briqueteries de la région. L'origine marine de la plaine fait que l'argile locale
est fortement sableuse donnant après cuisson une brique
ou une tuile de teinte jaune à orangée typique des édifices
flamands de cette micro-région, et , bien que
massivement remplacée par des briques rouges lors de la
reconstruction qui suivit la Seconde Guerre Mondiale, la
brique jaune est et reste un symbole identitaire fort. |
Nos expérimentations sur la réalisation de briques ont essentiellement porté sur la préparation d'argiles de provenances différentes: trempage, malaxage, adjonction de dégraissant sableux selon la composition de l'argile, réalisation de moules et moulages. Nos essais (peu concluants) de cuisson en meule nous ayant rapidement convaincus que l'art -difficile- de la conduite d'une cuisson ne pouvait se faire que sur une telle quantité de briques que nous reportons pour le moment une telle expérience. |