Habitat
Les modes de constructions d'habitat en Europe du Nord-Ouest ont relativement peu évolué depuis l'apparition des premiers villages du néolithique jusqu'à l'époque moderne. L'apparition de nouveaux matériaux ne faisant pas disparaître les plus anciens.

Ainsi le torchis, terre argileuse malaxée avec de la paille hachée ou du foin, et plaqué sur un clayonnage (entrelacs de branches souples : osier, saule, noisetier) perdura comme façon de réaliser le hourdis (comblement des parois du mur) jusqu'au XIXème siècle dans les maisons en pans de bois (colombages) apparues au moyen age. Ce type d'habitat n'était pas construit pour durer, même si une maison à la structure de bois, au toit de chaume, aux parois en torchis et au soubassement de bois ou de briques, bien construite et bien entretenue pouvait tenir plus d'un siècle.
De même, l'usage du chaume est avéré durant plus de 7000 ans et quasiment jusqu'à nos jours. L'emploi d'un matériau de couverture végétal et périssable peut nous paraître surprenant, mais c'est oublier l'importance, au début de l'histoire de nos sociétés, de la maison "pour rien", relativement facile à édifier pour peu que les matériaux soient trouvés sur place et que de nombreuses personnes s'attachent à sa réalisation. Ceci rappelle l'importance de la communauté et de ses liens d'entraides.

Le chaume donc, constitué de roseaux en milieu humide, récoltés en hiver, ou en en paille de céréale, pouvait être assemblé en botte ou en couches déliées, et fixé à la charpente sur un lattis serré par des liens de corde ou de noisetier. Ainsi un toit à l'inclinaison minimum de 60° ne se dégradait que de 1 cm par an. Un toit de chaume épais de 50 cm. pouvait donc durer une cinquantaine d'années.

Du néolithique jusque vers l'An Mil, la forme la plus courante est une maison d'habitation de taille moyenne (de 8 à 12 mètres de long), réservée aux humains et entourée d'annexes plus ou moins nombreuses et plus ou moins vastes qui abritent les fonctions essentielles d'une unité agricole : animaux domestiques, réserves alimentaires, activités domestiques et artisanales variées. Le second type d'habitat de cette zone est une bâtisse de grande taille (souvent plus de 20 mètres) abritant sous le même toit hommes et animaux, essentiellement des bovins (parfois plusieurs dizaines de têtes) : comme dans le cas précédent, plusieurs annexes étaient bâties autour de cette vaste construction, mais souvent de dimensions plus réduites. Ces bâtisses avaient pour structure un assemblage de poteaux et de perches écorcés mais non équarris.
Mais la qualité des construction évolua néanmoins à partir du XIème siècle avec l'emploi de poutres équarries et de l'évolution des modes d'assemblages passant du lien de corde à la technique des tenons et mortaises, autorisant une complexification des formes architecturales.

Depuis l'été 1998, des animateurs du GRAAL encadrent la construction par des jeunes de structures du Haut Moyen Age : Espier (grenier à blé surélevé), Ateliers artisanaux de type "fond de cabane" en bois, chaume et torchis. Ils se sont ainsi trouvé confrontés à la réalité du petit chantier de construction qui bien que ne nécessitant pas de compétences techniques particulières montre l'importance de la planification des tâches et de l'approvisionnement en matériaux. En effet une fois la structure de poteaux de bois assemblée, c'est la couverture de chaume qu'il faut réaliser, sans oublier que si la paille de céréale se coupe l'été (à la faucille) le roseau se récolte l'hiver. Le placage du torchis sur le clayonnage ne se faisant qu'une fois sa mise hors d'eau assurée et en se souvenant que l'argile trempée plusieurs semaines se travaille plus facilement que fraîchement extraite…

 Structures et torchis La couverture:le chaume

 

 Assemblage, déjà bien avancé, de la structure de l'Espier