Teinture | ||
La teinture des
tissus est la continuation logique de l'attitude humaine
consistant à affirmer son appartenance à un groupe,
mais aussi sa distinction individuelle, par le tatouage,
la peinture du visage et du corps, la scarification
Les vêtements cachant la majeure partie du corps, ceux-ci
devinrent un moyen d'expression de cette attitude. Découlant de la découverte des pigments minéraux obtenus par broyage et permettant l'expression par dessins rupestres, la teinture végétale permet la coloration des tissus ou des fils par trempage à froid ou à chaud dans des décoctions de végétaux. Teindre
des textiles est une préoccupation humaine depuis des
millénaires, et les pigments colorants sont légions
dans la nature. Ainsi les techniques de teinture sont
relativement simples et abordables. Cette activité révèle
l'éventail des coloris utilisés par les hommes de
toutes les époques. Elle s'accompagne d'une découverte
de la flore à partir d'un herbier, lors de la cueillette
des plantes tinctoriales nécessaires. Si la technique
est simple, l'obtention d'une teinte souhaitée demande
plusieurs expérimentations. |
Etapes d'une teinture |
1. La première, le mordançage a pour but de préparer la laine à recevoir la teinture. Après lavage, les fibres textiles vont bouillir durant une heure dans un bain d'eau contenant le mordant en dissolution. Ces mordants (sel d'alun, crème de tartre, bicarbonate de soude, chrome) vont légèrement éroder la fibre en surface afin que la couleur vienne s'y loger en profondeur. Cette opération n'est nécessaire que pour la teinture à partir de fruits, de feuilles et de baies, la présence de tanins dans les écorces et les pelures permet d'obtenir des teintes, néanmoins souvent moins vives que lorsque la laine est mordancée. |
2. Vient ensuite la décoction de la plante : entière, ou seulement une partie (feuilles, fleurs, racines) selon les plantes et la couleur voulue. La proportion est d'environ 3 kg de végétal pour 1 kg de laine à teindre dans 15 à 20 litres d'eau douce. Ce mélange doit bouillir une heure à une heure trente puis reposer quelques jours. |
3. La décoction est alors filtrée, à travers une toile de jute, au-dessus d'un chaudron sous lequel est allumé un feu. La teinture commence. La laine est plongée progressivement dans le bain que l'on porte progressivement à légère ébullition durant une heure à une heure trente. Enfin on laisse refroidir la laine dans le bain et on la laisse sécher à l'ombre. |
exemples de teintures |
avec mordançage |
sans mordançage |
||
pissenlit | magenta |
chêne (écorce) | chamois |
oseille | brun foncé |
pommier (écorce) | jaune paille |
sureau | mauve |
prunier (écorce) | brun rouge |
bouleau | vert délicat |
boulot (écorce) | brun pourpre |
cassis | lilas |
aulne (écorce) | gris |
bruyère | jaune |
noyer (écorce) | brun |
oignon | orange vif |
oignon | orange-brun |
On peut envisager de teindre des écheveaux de laine ou des pièces de coton. Pourtant, ce textile a moins d'affinités pour les teintures végétales que la laine et les résultats sont moins spectaculaires. |
Il suffit donc de plonger le ou les écheveaux
de laine avec la ou les plantes choisies ( les mélanges
sont possibles mais le résultat est parfois inattendu)
dans une casserole remplie d'eau que l'on fait légèrement
bouillir pendant une bonne heure puis que l'on rince et
laisse sécher à l'ombre. A noter que le matériau du récipient peut réagir avec la teinte, ainsi le cuivre avive les teintes, le fer les assombrit Les teintes obtenues sont donc variées et les résultats souvent impressionnants pour le peu d'efforts demandés, la difficulté résidant sans doute dans l'achat de laine vierge et dans la récolte de certaines plantes. Quoiqu'il en soit il est sans doute possible d'obtenir des teintes à partir des plantes ou des parties de plantes les plus inattendues qui soient, alors bon courage! |