1993

Dunkerque

 

Dunkerque, place Jean Bart


N° du site: 59 183 008 AH

Un parc automobile souterrain devant être réalisé dans l'emprise de la place Jean-Bart, située à proximité du centre ancien de Dunkerque et du rempart du XVème siècle, plusieurs sondages de reconnaissance ont été réalisés de manière à évaluer le potentiel archéologique du terrai concerné par ce projet.
L'implantation humaine initiale de Dunkerque paraît s'être établie en arrière du cordon dunaire littoral, à proximité d'une crique naturelle en forme de hache qui offrait un abri pour les embarcations.
Un petit cours d'eau côtier, la Panne, vient se jeter au fond de cette crique et sert sans doute de chenal exutoire de la lagune maritime située en arrière du cordon dunaire.
Le hameau primitif, Saint-Gilles, s'est probablement fixé vers le Xème siècle, à proximité de la légère éminence encore observable dans le secteur de la rue du Maréchal French. Le secteur de la place Jean Bart devait se situer un peu en contrebas et, proche du cours de la Panne, subir les effets de la marée dans les premiers temps. Il devait être occupé par des terrains marécageux impropres à la construction d'habitations.
Les informations sur la nature et la tracé des premières enceints de Dunkerque sont trop lacunaires pour qu'on puisse en mesurer l'incidence sur l'aménagement de ce secteur. Il faut attendre le début du XVème siècle et la construction du rempart ordonnée par le duc de Bourgogne, Philippe-le-Hardi, pour disposer d'éléments de topographie urbaine analysables. Le front sud de la ville est alors garni d'un rempart rectiligne en avant duquel est aménagé un large fossé en eau, les Cunes, qui se prolonge également sur le front est de la ville. A une date indéterminée, une porte est percée dans le rempart, dans le prolongement de la rue Clémenceau, elle est appelée la porte Saint-Eloi. Des vues de Dunkerque datant du XVIème siècle et du début du XVIIème siècle nous montrent des éléments de défenses avancées (demi-lune) aménagées en avant de la porte Saint-Eloi. En 1548, on construit un cavalier qui flanque la porte sud.
Vers 1640, les espagnols vont établir une enceinte bastionnée bien au-delà de l'ancien tracé et les remparts médiévaux vont alors perdre leur rôle de défense de première ligne. Il faut cependant attendre 1679 et le réaménagement des fortifications espagnoles par Vauban pour que l'on entame le démantèlement des remparts bourguignons et le comblement des fossés. L'espace compris entre l'ancien centre médiéval et la nouvelle enceinte est alors réorganisée selon les préceptes de l'urbanisme classique et la place royale est aménagée sur l'ancien fossé de la ville, en vis-à-vis de l'ancienne porte Saint-Eloi. Son emprise demeurera inchangée jusqu'à nos jours: c'est l'actuelle place Jean Bart.
Les plans figurant le tracé des remparts bourguignons du XVème siècle laissaient supposer que ceux-ci se situaient dans l'emprise de la place Jean Bart. Les sondages réalisés à une profondeur d'environ 3,50 mètres n'ont pas permis d'en déceler les vestiges. Cependant, le fossé de ville a pu être mis en évidence sur la quasi-totalité de la largeur de la place et ce pratiquement jusqu'à la limite avec la chaussée jouxtant la place. Il a été possible d'observer le comblement du fossé consécutif au démantèlement du rempart en 1679, mais aussi le remplissage d'occupation médiéval du fossé, sur sa partie nord, au contact présumé avec le rempart. Le comblement du fossé, bien discernable par un remblaiement homogène constitué de divers apports de matériaux (sables, limons, graves, etc…) accusant un pendage régulier d'environ 30 %, a recouvert en divers endroits des lentilles de terre brune contenant un abondant mobilier archéologique. Le mobilier étudié (fragments de céramique glaçurée, de faïence, de verrerie, de pipes en grand nombre) est datable du XVIIème siècle et l'analyse des pipes, indice de datation très fiable pour ces périodes, permet de proposer comme datation la plus récente les alentours de 1685. Il contenait, en outre, de nombreux ossement animaux (principalement du porc et du mouton) comportant des traces de dépeçage de boucherie, ainsi que des fragments de cuir (chutes de découpe, semelles, lanières, ceinture) qui portent à croire que ce type d'activité artisanale liée à l'abattage des bêtes et au travail de la peau devait résider dans un proche voisinage. Ce comblement est scellé par une couche horizontale continue de craie et de chaux, qui correspond au niveau d'établissement de la Place Royale, à la fin du XVIIème siècle. Les divers niveaux qui se superposent sur une épaisseur d'environ 1 mètre entre cette dernière couche et le macadam contemporain sont consécutifs aux diverses réfections de cette place.
La couche dépotoir repose sur un niveau brun plus dense et plus homogène présentant par endroits un certain litage qui laisse supposer qu'on pourrait se trouver dans une zone d'eaux stagnantes à sédimentation lente. Ce niveau est assez pauvre en mobilier et le peu d'objets qu'on a pu y trouver proviennent sans doute de contamination des niveaux supérieurs.
Au nord de la place, plus proche virtuellement du rempart, on trouve, sous ce remblai, une épaisse couche de terre brune contenant de nombreux fragments de céramique de la fin de Moyen-Age (XIVème siècle), ainsi que des éléments d'objets de cuir (semelles de chaussures typiques de cette période). La nature de cette terre brune laisse supposer qu'il s'agit là du remplissage du fossé médiéval qui, du fait de sa proximité avec le rempart, a pu être épargné par les recreusements et curages successifs. La date précoce du mobilier archéologique exhumé pourrait militer en faveur d'une implantation ancienne du rempart sur le front sud de la ville, qui serait resté inchangé lors de la reconstruction du rempart bourguignon autour des années 1400.

 

Dunkerque, Pertuis de la Marine


N° du site: 59 183 007 AH

Les travaux de construction du pont du Pertuis de la Marine, à proximité du bâtiment de la Communauté Urbaine de Dunkerque, ont donné l'occasion d'examiner les vestiges de l'ancienne écluse permettant de communiquer entre le bassin du commerce et le bassin de la Marine. Au XVIème siècle, il existait à cet emplacement une écluse de chasse, l'écluse bleue (Blaewe Speye) qui servait au curage du port. Le bassin de la Marine est aménagé en 1686 par Vauban pour abriter une escadre de 40 navires à flot. Dessinée par Vauban lui-même, l'écluse qui fermait ce bassin était large de 42 pieds et permettait le passage des vaisseaux de premier rang. Démolie en 1713, en application du traité d'Utrecht qui stipule la destruction du port et des fortifications de Dunkerque, elle ne sera reconstruite qu'à la fin du XVIIIème siècle. En 1880, l'ouverture de l'écluse de l'ouest occasionnera son abandon. Les travaux qui ont été menés sur le site ont permis d'observer deux éléments de gondage des portes de l'ancienne écluse. Profondément ancrés dans les maçonneries du quai, ils se prolongent sur plusieurs mètres grâce à un savant système d'éléments métalliques s'emboîtent les uns dans les autres et assujettis par des clavettes. L'un est en bronze et l'autre en fer. La technique de battage est de mise en forme des pièces constitutives peut laisser supposer un travail du XVIIème ou du XVIIIème siècle. Un étude des techniques d'assemblages employées ici et des analyses métallographiques pourront préciser cette datation.


Yves Roumégoux.SRA

 

Dunkerque, couvent des Dames Anglaises


N° du site: 59 183 006 AH

Au mois d'avril 1993, deux sondages ont été ouverts dans le jardin du Musée de Dunkerque dans le but de retrouver les traces de l'ancien couvent des Dames anglaises installé dans la commune à la fin du XVIIème siècle.
Deux excavations ont été réalisées qui devaient nous donner l'état de conservation du cloître et des parties annexes non identifiées sur les plans et les textes.
L'ensemble de la zone a été recouvert à la fin de la deuxième guerre d'un remblai d'environ 1 mètre d'épaisseur mettant l'ensemble des structures à l'abri de toute destruction postérieure.
Si le sondage le plus à l'est (concernant les parties non identifiées) n' a pas apporté d'éléments supplémentaires quant au but des structures découvertes (un mur et le sol attenant), par contre, le sondage sur ce qui devait être le cloître est un peu plus parlant.
Nous ne sommes pas dans la cour intérieure du cloître, mais dans une gigantesque cave sous le bâtiment est de la cour; le sol est en terre battue, le remplissage de moellons de briques et de ciment. Aucune structure en place n'a été découverte. Le matériel confirme une destruction de la fin du XVIIIème siècle. Une fosse dépotoir recouvrant le niveau de démolition contient de la faïence datée de 1839.


Yves Beauchamp.GRAAL


 


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