Dunkerque, place Jean Bart
N° du site: 59 183 008 AH
Un parc automobile souterrain
devant être réalisé dans l'emprise de la
place Jean-Bart, située à proximité du centre
ancien de Dunkerque et du rempart du XVème siècle,
plusieurs sondages de reconnaissance ont été réalisés
de manière à évaluer le potentiel archéologique
du terrai concerné par ce projet.
L'implantation humaine initiale de Dunkerque paraît s'être
établie en arrière du cordon dunaire littoral,
à proximité d'une crique naturelle en forme de
hache qui offrait un abri pour les embarcations.
Un petit cours d'eau côtier, la Panne, vient se jeter au
fond de cette crique et sert sans doute de chenal exutoire de
la lagune maritime située en arrière du cordon
dunaire.
Le hameau primitif, Saint-Gilles, s'est probablement fixé
vers le Xème siècle, à proximité
de la légère éminence encore observable
dans le secteur de la rue du Maréchal French. Le secteur
de la place Jean Bart devait se situer un peu en contrebas et,
proche du cours de la Panne, subir les effets de la marée
dans les premiers temps. Il devait être occupé par
des terrains marécageux impropres à la construction
d'habitations.
Les informations sur la nature et la tracé des premières
enceints de Dunkerque sont trop lacunaires pour qu'on puisse
en mesurer l'incidence sur l'aménagement de ce secteur.
Il faut attendre le début du XVème siècle
et la construction du rempart ordonnée par le duc de Bourgogne,
Philippe-le-Hardi, pour disposer d'éléments de
topographie urbaine analysables. Le front sud de la ville est
alors garni d'un rempart rectiligne en avant duquel est aménagé
un large fossé en eau, les Cunes, qui se prolonge également
sur le front est de la ville. A une date indéterminée,
une porte est percée dans le rempart, dans le prolongement
de la rue Clémenceau, elle est appelée la porte
Saint-Eloi. Des vues de Dunkerque datant du XVIème siècle
et du début du XVIIème siècle nous montrent
des éléments de défenses avancées
(demi-lune) aménagées en avant de la porte Saint-Eloi.
En 1548, on construit un cavalier qui flanque la porte sud.
Vers 1640, les espagnols vont établir une enceinte bastionnée
bien au-delà de l'ancien tracé et les remparts
médiévaux vont alors perdre leur rôle de
défense de première ligne. Il faut cependant attendre
1679 et le réaménagement des fortifications espagnoles
par Vauban pour que l'on entame le démantèlement
des remparts bourguignons et le comblement des fossés.
L'espace compris entre l'ancien centre médiéval
et la nouvelle enceinte est alors réorganisée selon
les préceptes de l'urbanisme classique et la place royale
est aménagée sur l'ancien fossé de la ville,
en vis-à-vis de l'ancienne porte Saint-Eloi. Son emprise
demeurera inchangée jusqu'à nos jours: c'est l'actuelle
place Jean Bart.
Les plans figurant le tracé des remparts bourguignons
du XVème siècle laissaient supposer que ceux-ci
se situaient dans l'emprise de la place Jean Bart. Les sondages
réalisés à une profondeur d'environ 3,50
mètres n'ont pas permis d'en déceler les vestiges.
Cependant, le fossé de ville a pu être mis en évidence
sur la quasi-totalité de la largeur de la place et ce
pratiquement jusqu'à la limite avec la chaussée
jouxtant la place. Il a été possible d'observer
le comblement du fossé consécutif au démantèlement
du rempart en 1679, mais aussi le remplissage d'occupation médiéval
du fossé, sur sa partie nord, au contact présumé
avec le rempart. Le comblement du fossé, bien discernable
par un remblaiement homogène constitué de divers
apports de matériaux (sables, limons, graves, etc
)
accusant un pendage régulier d'environ 30 %, a recouvert
en divers endroits des lentilles de terre brune contenant un
abondant mobilier archéologique. Le mobilier étudié
(fragments de céramique glaçurée, de faïence,
de verrerie, de pipes en grand nombre) est datable du XVIIème
siècle et l'analyse des pipes, indice de datation très
fiable pour ces périodes, permet de proposer comme datation
la plus récente les alentours de 1685. Il contenait, en
outre, de nombreux ossement animaux (principalement du porc et
du mouton) comportant des traces de dépeçage de
boucherie, ainsi que des fragments de cuir (chutes de découpe,
semelles, lanières, ceinture) qui portent à croire
que ce type d'activité artisanale liée à
l'abattage des bêtes et au travail de la peau devait résider
dans un proche voisinage. Ce comblement est scellé par
une couche horizontale continue de craie et de chaux, qui correspond
au niveau d'établissement de la Place Royale, à
la fin du XVIIème siècle. Les divers niveaux qui
se superposent sur une épaisseur d'environ 1 mètre
entre cette dernière couche et le macadam contemporain
sont consécutifs aux diverses réfections de cette
place.
La couche dépotoir repose sur un niveau brun plus dense
et plus homogène présentant par endroits un certain
litage qui laisse supposer qu'on pourrait se trouver dans une
zone d'eaux stagnantes à sédimentation lente. Ce
niveau est assez pauvre en mobilier et le peu d'objets qu'on
a pu y trouver proviennent sans doute de contamination des niveaux
supérieurs.
Au nord de la place, plus proche virtuellement du rempart, on
trouve, sous ce remblai, une épaisse couche de terre brune
contenant de nombreux fragments de céramique de la fin
de Moyen-Age (XIVème siècle), ainsi que des éléments
d'objets de cuir (semelles de chaussures typiques de cette période).
La nature de cette terre brune laisse supposer qu'il s'agit là
du remplissage du fossé médiéval qui, du
fait de sa proximité avec le rempart, a pu être
épargné par les recreusements et curages successifs.
La date précoce du mobilier archéologique exhumé
pourrait militer en faveur d'une implantation ancienne du rempart
sur le front sud de la ville, qui serait resté inchangé
lors de la reconstruction du rempart bourguignon autour des années
1400.
Dunkerque, Pertuis de la Marine
N° du site: 59 183 007 AH
Les travaux de construction
du pont du Pertuis de la Marine, à proximité du
bâtiment de la Communauté Urbaine de Dunkerque,
ont donné l'occasion d'examiner les vestiges de l'ancienne
écluse permettant de communiquer entre le bassin du commerce
et le bassin de la Marine. Au XVIème siècle, il
existait à cet emplacement une écluse de chasse,
l'écluse bleue (Blaewe Speye) qui servait au curage du
port. Le bassin de la Marine est aménagé en 1686
par Vauban pour abriter une escadre de 40 navires à flot.
Dessinée par Vauban lui-même, l'écluse qui
fermait ce bassin était large de 42 pieds et permettait
le passage des vaisseaux de premier rang. Démolie en 1713,
en application du traité d'Utrecht qui stipule la destruction
du port et des fortifications de Dunkerque, elle ne sera reconstruite
qu'à la fin du XVIIIème siècle. En 1880,
l'ouverture de l'écluse de l'ouest occasionnera son abandon.
Les travaux qui ont été menés sur le site
ont permis d'observer deux éléments de gondage
des portes de l'ancienne écluse. Profondément ancrés
dans les maçonneries du quai, ils se prolongent sur plusieurs
mètres grâce à un savant système d'éléments
métalliques s'emboîtent les uns dans les autres
et assujettis par des clavettes. L'un est en bronze et l'autre
en fer. La technique de battage est de mise en forme des pièces
constitutives peut laisser supposer un travail du XVIIème
ou du XVIIIème siècle. Un étude des techniques
d'assemblages employées ici et des analyses métallographiques
pourront préciser cette datation.
Yves Roumégoux.SRA
Dunkerque, couvent des Dames Anglaises
N° du site: 59 183 006 AH
Au mois d'avril 1993, deux sondages
ont été ouverts dans le jardin du Musée
de Dunkerque dans le but de retrouver les traces de l'ancien
couvent des Dames anglaises installé dans la commune à
la fin du XVIIème siècle.
Deux excavations ont été réalisées
qui devaient nous donner l'état de conservation du cloître
et des parties annexes non identifiées sur les plans et
les textes.
L'ensemble de la zone a été recouvert à
la fin de la deuxième guerre d'un remblai d'environ 1
mètre d'épaisseur mettant l'ensemble des structures
à l'abri de toute destruction postérieure.
Si le sondage le plus à l'est (concernant les parties
non identifiées) n' a pas apporté d'éléments
supplémentaires quant au but des structures découvertes
(un mur et le sol attenant), par contre, le sondage sur ce qui
devait être le cloître est un peu plus parlant.
Nous ne sommes pas dans la cour intérieure du cloître,
mais dans une gigantesque cave sous le bâtiment est de
la cour; le sol est en terre battue, le remplissage de moellons
de briques et de ciment. Aucune structure en place n'a été
découverte. Le matériel confirme une destruction
de la fin du XVIIIème siècle. Une fosse dépotoir
recouvrant le niveau de démolition contient de la faïence
datée de 1839.
Yves Beauchamp.GRAAL
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