Dunkerque, Rue du Maréchal French
N° du site : 59 183 010 AH
La fouille de sauvetage menée l'année
dernière a été suivie en août 1995
d'une intervention rendue possible par le retard qui a différé
la réalisation du projet immobilier. Sur environ 250 m2,
elle a permis de mettre au jour les niveaux anciens qui n'avaient
pas été complètement dégagés.
L'apport essentiel de cette opération concerne l'origine
de Dunkerque: si l'emplacement de la ville médiévale
est bien connu, l'origine de son centre ne l'est pas. La fouille
de la place du Marché avait permis de constater l'absence
de vestiges antérieurs au XIVème siècle
à cet endroit traditionnellement admis comme première
zone d'occupation humaine. De même, le sondage de 1985
dans l'église Saint-Eloi n'avait pas permis de remonter
avant la fin du XIIIème siècle.
En examinant la topographie du terrain, il est apparu que le
secteur fouillé rue Maréchal French se situe à
la périphérie sud d'une dune proche du port ancien
et en bordure de bâtiments dont on ne connaît pas
les dates de fondation comme l'Hôtel de ville ou l'emplacement
originel de l'hôpital Saint-Julien. Cependant les niveaux
les plus anciens ne remontent pas avant le début du XIVème
siècle. Par contre, les sondages les plus proches du port
montrent que les pendages de niveaux pogénéisés
contenant quelques tessons du XIVème siècle sont
inversés par rapport à l'aspect actuel .
Les plus anciens niveaux livrent de la céramique de la
fin du XIII-début du XIVème siècles dans
des séquences d'occupation dont on n'a malheureusement
que la périphérie, les aménagements ultérieurs
ayant le plus souvent détruit l'essentiel des structures.
Seule la moitié d'une grande fosse lenticulaire contenant
des rejets stratifiés de foyers importants est clairement
lisible. L'ensemble comblé sert de sol d'habitat, avec
quelques éléments d'un pavement en pierre et brique,
sans doute d'un sol extérieur.
Une cave en brique est construite au XVème siècle
en même temps qu'une structure dont subsiste la base de
la fondation: les niveaux d'occupation en relation ont ensuite
été arasés. Ultérieurement, une seconde
cave marque un réaménagement de ce bâtiment.
Même incomplets, ces éléments permettent
de percevoir une occupation très dense à partir
de la fin du XIIIème siècle, et de confirmer les
textes selon lesquels la ville commence à prendre une
certaine importance à partir de cette époque. Le
matériel mobilier et architectural complète celui
déjà recueilli sur les autres interventions. Par
contre, la question de l'implantation première de la ville
n'est en rien réglée et, si elle reste du domaine
de la recherche archéologique pure, elle dépendra
des opportunités offertes par un bon suivi de l'aménagement
de la cité.
Yves Beauchamp, Eric Ghesquière.GRAAL
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