1999

Bergues

 

Bergues, Porte de Bierne


N° du site : 59 067 051 AH

Située à l'ouest de la ville, la porte de Bierne est datée du XVème siècle. Son existence, depuis l'aménagement de l'enceinte fortifiée par les Ducs de Bourgogne, successeurs des Comtes de Flandre, semble confirmer par un relevé de dépenses de la ville en 1538 qui y mentionne des réparations.
Si les dessins de la ville faits par Jacques de Deventer vers 1560 ou Jacques de La Fontaine vers 1635 la positionne, elle apparaît cependant avec quatre tours; aujourd'hui ne subsistent que deux corps de garde ( réaménagement et modernisation au XIXème siècle) flanqués au sud par le rempart bastionné aménagé sous la gouvernance espagnole au XVIème siècle et au nord par un rempart réaménagé par Vauban au XVIIème siècle.
Des travaux entrepris par la ville, en 1997, dans le corps de garde nord (réouverture des niches de tir) ont également laissé entrevoir l'existence d'une bouche à feu au niveau du sol mais positionné en arrière du rempart actuel. C'est ce qui a motivé le sondage engagé par l'ASPABERG (Association du Patrimoine Berguois) pour rouvrir la bouche à feu et positionner le rempart primitif dont un arraché de maçonnerie en arrière de la tour préfigurait l'existence.
Malgré un sol extrêmement perturbé, suite à la construction de garages adossés au rempart dans les années 1980 et à la présence de fondations de bâtiments annexes de la caserne depuis 1870, une embase arasée est apparue sur l'arraché de maçonnerie mais orientée à 70° par rapport au rempart actuel.
Le suivi de cette fondation légère (0,70 mètre de large) a permis la découverte d'un mur à ressauts (1 mètre de large) de bonne fondation, parallèle à la porte de Bierne mais aussi à la façade ouest de la caserne qui jouxte la fortification. La dépose d'un câble basse tension, effectuée gracieusement par les services EDF, a permis ensuite de remonter cette muraille vers le sud et d'en trouver la jonction avec une fondation (1,40 mètre de large) qui faisait la liaison entre les tours (avant et arrière) de la porte de Bierne, dans sa configuration primitive à quatre tours.
La présence d'un candélabre a suspendu momentanément le sondage, mais sa dépose devrait permettre de parfaire la connaissance de ces murailles bourguignonnes et d'en proposer une valorisation. La partie arrière du corps de garde, en encorbellement sur l'épaisse muraille, mérite sauvegarde.
Par ailleurs, à proximité de la brèche de la muraille du XVIIème siècle au nord de la porte de Bierne, un arc de tour médiévale recouvert d'une dalle de béton a également fait l'objet d'un sondage. Il faut rappeler que sa découverte, lors de la construction des garages en 1980, a suspendu les aménagements à ce niveau dans l'attente d'autres investigations.
Le sondage engagé permet d'affirmer l'existence d'une tour "en fer à cheval"de 6 mètres de diamètre extérieur. L'épaisseur de la partie avant semi-circulaire est de 1,65 mètre; malgré l'arasement, trois niches de tir à embrasures à double ébrasement apparaissent admirablement.
L'embase de l'aile nord" du fer à cheval" fait seulement 90 centimètre de large. Sa découverte progressive permettra de positionner et retrouver la muraille médiévale, autre enceinte primitive de la ville.
Aucun plan n'a jamais mentionné cette tour médiévale, arasée avant sa couverture par la bouche à feu du corps de garde nord de la porte de Bierne et enclavée dans les fondations du rempart élevé au XVIIème siècle.
Les sondages à la porte de Bierne sont extrêmement prometteurs. Les relevés topographiques qui termineront le chantier devraient permettre de positionner l'ensemble des ouvrages afin de définir la chronologie et l'arasement: XIIIème ou XIVème siècles - XVème siècle - XVIIème siècle.
L'évolution de la porte de Bierne, de sa configuration à quatre tours vers celle d'aujourd'hui, tout comme l'incidence de la construction de la caserne en 1732, sont des éléments que nous saurons faire revivre prochainement.
Une valorisation exceptionnelle du site pourra certainement être envisagée.

 

Bergues, Tour Guy de Dampierre


N° du site : 59 067 052 AH

Situé au nord de la ville, avec, à ses pieds, le port de Bergues et, au delà, la couronne d'Hondschoote, ouvrages avancés terminés sous Louis XV, cette tour, datée de 1286, défend à l'est comme à l'ouest des murailles médiévales.
Construite sous Guy de Dampierre, vingt-deuxième Comte de Flandre (1280-1305), elle fait partie de la fortification élevée lors des conflits qui vont opposer les Comtes de Flandre aux Rois de France.
D'aspect extérieur rougeâtre, ce qui lui vaut aussi l'appellation "Tour rouge", elle a, comme la tour des Couleuvriniers, des parements en briques roses. Le mortier utilisé, composé de chaux et de briques pillées, contribue à cet aspect. Elle se différencie donc de toutes les autres murailles construites en briques jaunes (dites de sable).
De forme extérieure en"fer à cheval", et d'un diamètre de 7 mètres, elle offre quatre meurtrières en partie basse, deux au nord, une à l'est et une autre à l'ouest, ces deux dernières défendant les murailles de part et d'autre de la tour. En partie supérieure, trois ouvertures (est,nord,ouest), de dimensions plus importantes, n'offrent pas d'aspect défensif et laissent imaginer des évolutions de la tour qui ne dépassent pas 7 mètres de hauteur. Les dessins de la ville, fait par Jacques de Deventer vers 1560 ou Jacques de La Fontaine, la coiffent d'une toiture.
Une porte, accessible depuis le talus qui renforce la muraille à l'intérieur de l'enceinte, s'ouvre sur la salle supérieure (dimension:4,70 mètres; hauteur sous voûte: 2,50 mètres). Cette salle dispose de trois ouvertures "fenêtres" et de l'accès à un escalier briqueté qui monte vers la terrasse sans parapet ou descend vers la salle inférieure défendant la base des murailles.
Les quatre meurtrières y apparaissent dans des niches, où le mur de la tour mesure 1,35 mètre d'épaisseur. La niche "est" dévoile une ouverture qui a été réduite en hauteur lors de son évolution d'archère à meurtrière. Des cintres briquetés, qui semblent apparaître sous les autres meurtrières, dessinaient peut-être d'autres ouvertures. Les dimensions de cette salle tout comme la hauteur sous voûte sont de 4,50 mètres. En clé de voûte, un orifice cylindrique pourrait avoir servi d'évent, de monte-charge ou de porte-voix entre les deux salles. Une étroite cheminée vient compléter l'équipement de la salle.
Endommagée lors de la deuxième guerre mondiale, cette tour a retrouvé depuis son aspect général après la réfection des brèches. Toutefois, le niveau de la salle inférieure était resté rehaussé par l'étalement des débris des destructions ou de réfections. Le libre accès d'une époque aujourd'hui révolue y étala d'autres déblais.
Le sondage archéologique, effectué en 1999 par l'ASPABERG (Association du Patrimoine Berguois), suivi d'une extraction des remblais, a permis de retrouver le foyer de la cheminée et un étroit briquetage (0,30 x 0,90 mètre) en contrebas de celle-ci. La tour ne possède pas de pavement briqueté, mais un sol argileux compacté.
La coupe stratigraphique, de 3,30 mètres de longueur et de 0,40 mètre de hauteur relève successivement : de fines couches de terre noire et de calcaire, une couche de cendres d'aspect charbonneux, une épaisse couche de mortier et de briquaillons, et enfin un fond argileux clairsemé de briquaillons. Deux sondages plus profonds, sur les faces avant et arrière dans la tour, n'ont ensuite révélé que la présence d'argile compactée; les murailles y apparaissent strictement verticales.
D'une façon aléatoire, il n'a été extrait des remblais que quelques rares vestiges: fragments de céramique vernissée (lèvres, carènes, assiettes), fragments de faïence (lèvre), fragments de verre bleuté, clous, ossements, balles de fusil, morceaux d'ardoises, de tuiles rondes ou plates, briques de format 5 x 10,5 x 22 centimètres; seule une brique jaune moulurée très ouvragée sort du lot.
D'anciennes embases de l'escalier de descente dans la salle ont également été retrouvées et démontrent des évolutions que nous ne pouvons qu'imaginer. Il en va de même pour l'existence d'une porte de fermeture de la salle inférieure et de son escalier qui associait jadis briquetages et poutres de chêne avant une récente défection.

Michel Walspeck. Bénévole