Bergues, Porte de Bierne
N° du site : 59 067 051 AH
Située à l'ouest de la ville, la
porte de Bierne est datée du XVème siècle.
Son existence, depuis l'aménagement de l'enceinte fortifiée
par les Ducs de Bourgogne, successeurs des Comtes de Flandre,
semble confirmer par un relevé de dépenses de la
ville en 1538 qui y mentionne des réparations.
Si les dessins de la ville faits par Jacques de Deventer vers
1560 ou Jacques de La Fontaine vers 1635 la positionne, elle
apparaît cependant avec quatre tours; aujourd'hui ne subsistent
que deux corps de garde ( réaménagement et modernisation
au XIXème siècle) flanqués au sud par le
rempart bastionné aménagé sous la gouvernance
espagnole au XVIème siècle et au nord par un rempart
réaménagé par Vauban au XVIIème siècle.
Des travaux entrepris par la ville, en 1997, dans le corps de
garde nord (réouverture des niches de tir) ont également
laissé entrevoir l'existence d'une bouche à feu
au niveau du sol mais positionné en arrière du
rempart actuel. C'est ce qui a motivé le sondage engagé
par l'ASPABERG (Association du Patrimoine Berguois) pour rouvrir
la bouche à feu et positionner le rempart primitif dont
un arraché de maçonnerie en arrière de la
tour préfigurait l'existence.
Malgré un sol extrêmement perturbé, suite
à la construction de garages adossés au rempart
dans les années 1980 et à la présence de
fondations de bâtiments annexes de la caserne depuis 1870,
une embase arasée est apparue sur l'arraché de
maçonnerie mais orientée à 70° par rapport
au rempart actuel.
Le suivi de cette fondation légère (0,70 mètre
de large) a permis la découverte d'un mur à ressauts
(1 mètre de large) de bonne fondation, parallèle
à la porte de Bierne mais aussi à la façade
ouest de la caserne qui jouxte la fortification. La dépose
d'un câble basse tension, effectuée gracieusement
par les services EDF, a permis ensuite de remonter cette muraille
vers le sud et d'en trouver la jonction avec une fondation (1,40
mètre de large) qui faisait la liaison entre les tours
(avant et arrière) de la porte de Bierne, dans sa configuration
primitive à quatre tours.
La présence d'un candélabre a suspendu momentanément
le sondage, mais sa dépose devrait permettre de parfaire
la connaissance de ces murailles bourguignonnes et d'en proposer
une valorisation. La partie arrière du corps de garde,
en encorbellement sur l'épaisse muraille, mérite
sauvegarde.
Par ailleurs, à proximité de la brèche de
la muraille du XVIIème siècle au nord de la porte
de Bierne, un arc de tour médiévale recouvert d'une
dalle de béton a également fait l'objet d'un sondage.
Il faut rappeler que sa découverte, lors de la construction
des garages en 1980, a suspendu les aménagements à
ce niveau dans l'attente d'autres investigations.
Le sondage engagé permet d'affirmer l'existence d'une
tour "en fer à cheval"de 6 mètres de
diamètre extérieur. L'épaisseur de la partie
avant semi-circulaire est de 1,65 mètre; malgré
l'arasement, trois niches de tir à embrasures à
double ébrasement apparaissent admirablement.
L'embase de l'aile nord" du fer à cheval" fait
seulement 90 centimètre de large. Sa découverte
progressive permettra de positionner et retrouver la muraille
médiévale, autre enceinte primitive de la ville.
Aucun plan n'a jamais mentionné cette tour médiévale,
arasée avant sa couverture par la bouche à feu
du corps de garde nord de la porte de Bierne et enclavée
dans les fondations du rempart élevé au XVIIème
siècle.
Les sondages à la porte de Bierne sont extrêmement
prometteurs. Les relevés topographiques qui termineront
le chantier devraient permettre de positionner l'ensemble des
ouvrages afin de définir la chronologie et l'arasement:
XIIIème ou XIVème siècles - XVème
siècle - XVIIème siècle.
L'évolution de la porte de Bierne, de sa configuration
à quatre tours vers celle d'aujourd'hui, tout comme l'incidence
de la construction de la caserne en 1732, sont des éléments
que nous saurons faire revivre prochainement.
Une valorisation exceptionnelle du site pourra certainement être
envisagée.
Bergues, Tour Guy de Dampierre
N° du site : 59 067 052 AH
Situé au nord de la ville, avec, à
ses pieds, le port de Bergues et, au delà, la couronne
d'Hondschoote, ouvrages avancés terminés sous Louis
XV, cette tour, datée de 1286, défend à
l'est comme à l'ouest des murailles médiévales.
Construite sous Guy de Dampierre, vingt-deuxième Comte
de Flandre (1280-1305), elle fait partie de la fortification
élevée lors des conflits qui vont opposer les Comtes
de Flandre aux Rois de France.
D'aspect extérieur rougeâtre, ce qui lui vaut aussi
l'appellation "Tour rouge", elle a, comme la tour des
Couleuvriniers, des parements en briques roses. Le mortier utilisé,
composé de chaux et de briques pillées, contribue
à cet aspect. Elle se différencie donc de toutes
les autres murailles construites en briques jaunes (dites de
sable).
De forme extérieure en"fer à cheval",
et d'un diamètre de 7 mètres, elle offre quatre
meurtrières en partie basse, deux au nord, une à
l'est et une autre à l'ouest, ces deux dernières
défendant les murailles de part et d'autre de la tour.
En partie supérieure, trois ouvertures (est,nord,ouest),
de dimensions plus importantes, n'offrent pas d'aspect défensif
et laissent imaginer des évolutions de la tour qui ne
dépassent pas 7 mètres de hauteur. Les dessins
de la ville, fait par Jacques de Deventer vers 1560 ou Jacques
de La Fontaine, la coiffent d'une toiture.
Une porte, accessible depuis le talus qui renforce la muraille
à l'intérieur de l'enceinte, s'ouvre sur la salle
supérieure (dimension:4,70 mètres; hauteur sous
voûte: 2,50 mètres). Cette salle dispose de trois
ouvertures "fenêtres" et de l'accès à
un escalier briqueté qui monte vers la terrasse sans parapet
ou descend vers la salle inférieure défendant la
base des murailles.
Les quatre meurtrières y apparaissent dans des niches,
où le mur de la tour mesure 1,35 mètre d'épaisseur.
La niche "est" dévoile une ouverture qui a été
réduite en hauteur lors de son évolution d'archère
à meurtrière. Des cintres briquetés, qui
semblent apparaître sous les autres meurtrières,
dessinaient peut-être d'autres ouvertures. Les dimensions
de cette salle tout comme la hauteur sous voûte sont de
4,50 mètres. En clé de voûte, un orifice
cylindrique pourrait avoir servi d'évent, de monte-charge
ou de porte-voix entre les deux salles. Une étroite cheminée
vient compléter l'équipement de la salle.
Endommagée lors de la deuxième guerre mondiale,
cette tour a retrouvé depuis son aspect général
après la réfection des brèches. Toutefois,
le niveau de la salle inférieure était resté
rehaussé par l'étalement des débris des
destructions ou de réfections. Le libre accès d'une
époque aujourd'hui révolue y étala d'autres
déblais.
Le sondage archéologique, effectué en 1999 par
l'ASPABERG (Association du Patrimoine Berguois), suivi d'une
extraction des remblais, a permis de retrouver le foyer de la
cheminée et un étroit briquetage (0,30 x 0,90 mètre)
en contrebas de celle-ci. La tour ne possède pas de pavement
briqueté, mais un sol argileux compacté.
La coupe stratigraphique, de 3,30 mètres de longueur et
de 0,40 mètre de hauteur relève successivement
: de fines couches de terre noire et de calcaire, une couche
de cendres d'aspect charbonneux, une épaisse couche de
mortier et de briquaillons, et enfin un fond argileux clairsemé
de briquaillons. Deux sondages plus profonds, sur les faces avant
et arrière dans la tour, n'ont ensuite révélé
que la présence d'argile compactée; les murailles
y apparaissent strictement verticales.
D'une façon aléatoire, il n'a été
extrait des remblais que quelques rares vestiges: fragments de
céramique vernissée (lèvres, carènes,
assiettes), fragments de faïence (lèvre), fragments
de verre bleuté, clous, ossements, balles de fusil, morceaux
d'ardoises, de tuiles rondes ou plates, briques de format 5 x
10,5 x 22 centimètres; seule une brique jaune moulurée
très ouvragée sort du lot.
D'anciennes embases de l'escalier de descente dans la salle ont
également été retrouvées et démontrent
des évolutions que nous ne pouvons qu'imaginer. Il en
va de même pour l'existence d'une porte de fermeture de
la salle inférieure et de son escalier qui associait jadis
briquetages et poutres de chêne avant une récente
défection.
Michel Walspeck. Bénévole
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