Bourbourg, Eglise
N° du site: 59 094 003 AH
Le chur de l'église de Bourbourg fait
l'objet de travaux de restauration. La réfection des pavements
est prévue pour les années à venir. Un sondage
de 4 sur 5 mètres a donc été ouvert dans
la chapelle latérale nord pour étudier cette partie
de l'église, en surélévation par rapport
à la nef. On suppose qu'à cet endroit sont préservées
les premiers vestiges d'une occupation peut-être carolingienne.
Les traces les plus anciennes sont quelques tessons de céramique
des XI-XIIèmes siècles dans un remblai argileux
contenant des tombes. Dans ce remblai s'ouvre la tranchée
d'un massif de fondation en craie et blocs de grès qui
correspond au bâtiment roman précédant le
chur gothique. On en ignore la largeur. Par contre, il
renseigne bien sur la longueur du bâtiment des XIème-XIIème
siècles: le portail d'entrée de l'église
daterait de la même période. Aucun sol ne vient,
malheureusement, compléter les informations concernant
cet édifice.
Par-dessus, des structures en craie sans doute destinées
à recevoir un pavement, se superposent. Elles sont rattachées
à l'édifice gothique et entamées par la
fondation d'une base d'autel en craie, du XIIIème siècle.
Le fond du chur est aménagé postérieurement.
Il s'agit de la fondation d'un mur en craie, qui sépare
les sols du côté du centre du chur (sols de
préparation en craie sur remblai de gravats sableux) et
ceux situés entre ce mur et le fond de la chapelle nord
(sols de terre battue avec niveaux noirs brûlés).
La fréquence des dépôts, la composition et
l'épaisseur des couches sont différentes. Des trous
de poteaux, avec parfois des morceaux de bois décomposé,
sont observés de part et d'autre de ce mur. Il peut s'agir
de traces d'échafaudage ou d'autres aménagement
dont on ignore la fonction.
Les vestiges d'un pavement de briques, situé à
0,10 mètres sous le niveau de sol actuel, recouvrent l'ensemble
de la surface. Son abandon est daté par une quinzaine
de pièces de monnaie de la fin du XIIIème siècle,
découvertes à la surface du sol de préparation
de chaux, aux endroits où les briques de pavement ont
disparu.
Un second autel, plus petit, est bâti au même emplacement
que le premier. Une monnaie de la seconde moitié du XVIème
siècle, trouvée dans la tranchée de fondation,
prouve que cette aménagement est postérieur au
pavement. Enfin, deux piles de fondation de l'autel de la Vierge,
du XIXème siècle, sont les dernières structures
découvertes. L'intérêt de ses observations
pour l'étude archéologique de l'histoire de l'édifice
montre bien la nécessité de prévoir une
surveillance des travaux de réfection envisagées
pour l'avenir. La faible profondeur d'enfouissement des vestiges
du XIIIème siècle nécessitera une attention
particulière.
Yves Beauchamp, Franckie Elleboode,
Céline Delaval.GRAAL
Bourbourg, Abbaye
N° du site: 59 094 002 AH
L'abbaye féminine de Bourbourg , d'observance
bénédictine, est fondée en 1101. pour des
raisons stratégiques, elle est démolie en 1551
et transférée à l'intérieur des murs
de la ville. Sur le plan de J.Deventer, daté des environs
de 1570, sont représentés le site ancien et la
nouvelle abbaye, au cur de la ville. Actuellement, l'emplacement
du site primitif est contigu à un parc urbain en voie
d'extension. Un premier diagnostic archéologique a donc
été réalisé dans la partie est des
terrains concernés. Une tranchée nord-sud peu profonde,
de 15 sur 70 mètres, a rapidement révélé
la présence de vestiges en place. Trois autres tranchées
perpendiculaires ont été ouvertes et creusées
jusqu'à atteindre le terrain naturel. L'état de
conservation des vestiges en surface et en profondeur a donc
pu être observé.
La moitié à peu prés de la surface étudiée
est complètement vide de structures. Il s'agit d'un remblai
d'1,50 mètres d'épaisseur, constitué des
rejets de pillage des murs. Un seul élément de
fondation apparaît encore en place, et dans les coupes,
mises à part les limites de fosses de réenfouissement,
seules des restes minimes de stratigraphie ancienne sont perceptibles.
Une pièce de monnaie de 1792 a été découverte
sous 1 mètre de remblai de l'abbaye, parmi du matériel
médiéval. Ces observations concernent la partie
nord de la tranchée, c'est à dire la plus proche
de la ville.
Par contre la partie sud présente, sous 10 centimètres
d'humus, un ensemble de vestiges intacts, Il s'agit de structures
légères, en briques, sans doute des murets qui
soutenaient des parois en bois ou en torchis. D'après
le matériel archéologique, elles datent des XIIIème-XIVème
siècles et ne devaient plus exister lors de la démolition
de l'abbaye, ce qui explique leur relative conservation. L'ensemble
mis au jour est construit le long d'une structure encore inexpliquée
en quart de cercle, constituée de deux bordures de briques
de récupération posées de chant et encadrant
une couche compacte de craie tassée. Le tout mesure 0,70
mètres sur presque 10 mètres de long. De part et
d'autre, des toitures écrasées sur place indiquent
la présence d'une série de constructions de petites
dimensions. Il pourrait s'agir de bâtiments édifiés
le long d'une voie de circulation. En profondeur, la tranchée
jusqu'au sol naturel la plus au sud donne une stratigraphie en
place avec, dans le fond de la partie est, deux murs qui se joignent
à leur extrémité sud. Le matériel
extrait de la tranchée date l'ensemble de la première
moitié du XIIIéme siècle.
Entre cette partie préservée du XIIIème
siècle et celle du nord détruite, plusieurs sols
apparaissent. Ils semblent reposer sur les vestiges détruits
de l'abbaye. Il s'agit peut-être de réaménagements
sommaires postérieurs à 1551. Sur le plan de J.Deventer
figure à l'emplacement du site, un ensemble de bâtiments
que l'on peut interpréter comme une ferme.
Parmi le matériel recueilli, il faut signaler un échantillon
remarquable de carreaux de pavements du XIIème au XVIème
siècle. La phase dévaluation de l'état de
conservation des vestiges du site permet d'affirmer qu'une fouille
préalable à l'aménagement du parc urbain
apporterait des données fondamentales pour l'étude
de la première abbaye de Bourbourg.
Yves Beauchamp, Franckie Elleboode,
Anne Brunebarbe.GRAAL |