1994

Bourbourg

 

Bourbourg, Eglise


N° du site: 59 094 003 AH

Le chœur de l'église de Bourbourg fait l'objet de travaux de restauration. La réfection des pavements est prévue pour les années à venir. Un sondage de 4 sur 5 mètres a donc été ouvert dans la chapelle latérale nord pour étudier cette partie de l'église, en surélévation par rapport à la nef. On suppose qu'à cet endroit sont préservées les premiers vestiges d'une occupation peut-être carolingienne.
Les traces les plus anciennes sont quelques tessons de céramique des XI-XIIèmes siècles dans un remblai argileux contenant des tombes. Dans ce remblai s'ouvre la tranchée d'un massif de fondation en craie et blocs de grès qui correspond au bâtiment roman précédant le chœur gothique. On en ignore la largeur. Par contre, il renseigne bien sur la longueur du bâtiment des XIème-XIIème siècles: le portail d'entrée de l'église daterait de la même période. Aucun sol ne vient, malheureusement, compléter les informations concernant cet édifice.
Par-dessus, des structures en craie sans doute destinées à recevoir un pavement, se superposent. Elles sont rattachées à l'édifice gothique et entamées par la fondation d'une base d'autel en craie, du XIIIème siècle. Le fond du chœur est aménagé postérieurement. Il s'agit de la fondation d'un mur en craie, qui sépare les sols du côté du centre du chœur (sols de préparation en craie sur remblai de gravats sableux) et ceux situés entre ce mur et le fond de la chapelle nord (sols de terre battue avec niveaux noirs brûlés). La fréquence des dépôts, la composition et l'épaisseur des couches sont différentes. Des trous de poteaux, avec parfois des morceaux de bois décomposé, sont observés de part et d'autre de ce mur. Il peut s'agir de traces d'échafaudage ou d'autres aménagement dont on ignore la fonction.
Les vestiges d'un pavement de briques, situé à 0,10 mètres sous le niveau de sol actuel, recouvrent l'ensemble de la surface. Son abandon est daté par une quinzaine de pièces de monnaie de la fin du XIIIème siècle, découvertes à la surface du sol de préparation de chaux, aux endroits où les briques de pavement ont disparu.
Un second autel, plus petit, est bâti au même emplacement que le premier. Une monnaie de la seconde moitié du XVIème siècle, trouvée dans la tranchée de fondation, prouve que cette aménagement est postérieur au pavement. Enfin, deux piles de fondation de l'autel de la Vierge, du XIXème siècle, sont les dernières structures découvertes. L'intérêt de ses observations pour l'étude archéologique de l'histoire de l'édifice montre bien la nécessité de prévoir une surveillance des travaux de réfection envisagées pour l'avenir. La faible profondeur d'enfouissement des vestiges du XIIIème siècle nécessitera une attention particulière.

Yves Beauchamp, Franckie Elleboode, Céline Delaval.GRAAL

 

Bourbourg, Abbaye


N° du site: 59 094 002 AH

L'abbaye féminine de Bourbourg , d'observance bénédictine, est fondée en 1101. pour des raisons stratégiques, elle est démolie en 1551 et transférée à l'intérieur des murs de la ville. Sur le plan de J.Deventer, daté des environs de 1570, sont représentés le site ancien et la nouvelle abbaye, au cœur de la ville. Actuellement, l'emplacement du site primitif est contigu à un parc urbain en voie d'extension. Un premier diagnostic archéologique a donc été réalisé dans la partie est des terrains concernés. Une tranchée nord-sud peu profonde, de 15 sur 70 mètres, a rapidement révélé la présence de vestiges en place. Trois autres tranchées perpendiculaires ont été ouvertes et creusées jusqu'à atteindre le terrain naturel. L'état de conservation des vestiges en surface et en profondeur a donc pu être observé.
La moitié à peu prés de la surface étudiée est complètement vide de structures. Il s'agit d'un remblai d'1,50 mètres d'épaisseur, constitué des rejets de pillage des murs. Un seul élément de fondation apparaît encore en place, et dans les coupes, mises à part les limites de fosses de réenfouissement, seules des restes minimes de stratigraphie ancienne sont perceptibles. Une pièce de monnaie de 1792 a été découverte sous 1 mètre de remblai de l'abbaye, parmi du matériel médiéval. Ces observations concernent la partie nord de la tranchée, c'est à dire la plus proche de la ville.
Par contre la partie sud présente, sous 10 centimètres d'humus, un ensemble de vestiges intacts, Il s'agit de structures légères, en briques, sans doute des murets qui soutenaient des parois en bois ou en torchis. D'après le matériel archéologique, elles datent des XIIIème-XIVème siècles et ne devaient plus exister lors de la démolition de l'abbaye, ce qui explique leur relative conservation. L'ensemble mis au jour est construit le long d'une structure encore inexpliquée en quart de cercle, constituée de deux bordures de briques de récupération posées de chant et encadrant une couche compacte de craie tassée. Le tout mesure 0,70 mètres sur presque 10 mètres de long. De part et d'autre, des toitures écrasées sur place indiquent la présence d'une série de constructions de petites dimensions. Il pourrait s'agir de bâtiments édifiés le long d'une voie de circulation. En profondeur, la tranchée jusqu'au sol naturel la plus au sud donne une stratigraphie en place avec, dans le fond de la partie est, deux murs qui se joignent à leur extrémité sud. Le matériel extrait de la tranchée date l'ensemble de la première moitié du XIIIéme siècle.
Entre cette partie préservée du XIIIème siècle et celle du nord détruite, plusieurs sols
apparaissent. Ils semblent reposer sur les vestiges détruits de l'abbaye. Il s'agit peut-être de réaménagements sommaires postérieurs à 1551. Sur le plan de J.Deventer figure à l'emplacement du site, un ensemble de bâtiments que l'on peut interpréter comme une ferme.
Parmi le matériel recueilli, il faut signaler un échantillon remarquable de carreaux de pavements du XIIème au XVIème siècle. La phase dévaluation de l'état de conservation des vestiges du site permet d'affirmer qu'une fouille préalable à l'aménagement du parc urbain apporterait des données fondamentales pour l'étude de la première abbaye de Bourbourg.

Yves Beauchamp, Franckie Elleboode, Anne Brunebarbe.GRAAL