1995

Loon-Plage

Loon-Plage, Camps de nomades


N° du site : 59 359 009 AH

D'août à septembre 1995 a été réalisée un sondage à la suite des sauvetages de 1983 et 1985 et des prospections de 1993-94. L'implantation a été faite dans une zone reconnue au début de l'année et qui semblait correspondre aux niveaux des dépotoirs précédemment mis au jour. La fouille n'a pas révélé d'indices liés à la montée des eaux aux IIIème-Ivème siècles, mais éclaire d'un jour nouveau l'ensemble du site lui-même. La datation a été élargie aux Ier et 2d siècles par une série de quatre occupations successives.
Déjà observé au cours des recherches précédentes, un premier niveau noirâtre gorgé d'eau repose directement sur le sable vierge vert. Il contient en majorité de la céramique commune. A proximité, deux fosses ont livré une grande quantité de coquillages (cardium). L'ensemble est recouvert par un remblai de sable peu épais.
Une deuxième phase est révélée par une couche de terre sableuses noire dans laquelle sont marqués de longs sillons parallèles, très proches, correspondant à des traces de cultures ou de passages de roues. Un fossé orienté nord-ouest / sud-est les recoupe. Curieusement, ses parois sont revêtues d'une couche d'argile. Cette particularité permet d'exclure l'utilisation comme fossé de drainage qui peut être retenue pour les suivants.
Sur la partie ouest de la zone ouverte, une masse d'argile rectangulaire (1,20 x 0,25 mètre) porte des petits niveaux marrons pouvant s'apparenter à des restes d'occupation. Il n'y a malheureusement aucune autre structure permettant d'identifier ces vestiges. Il recoupent la couche marquée de sillons et sont eux-mêmes traversés par le fossé nord. La dernière phase est matérialisée par deux autres fossés qui se recoupent.
Il s'agit de la première trace d'occupation reconnue sur le site de Loon-Plage, autre qu'un simple niveau de dépotoir. Des fragments de tuiles et des boulettes de torchis portant encore des traces de brins de paille ont été découverts en grand nombre dans le remplissage de tous les fossés ainsi que dans les niveaux attenants. Les fouilles précédentes n'en avaient livré que de très rares fragments.

Yves Beauchamp, Christelle Lagatie.GRAAL

 

 

Loon-Plage, Ferme Debergh


N° du site : 59 359 008 AH

En 1994, à l'occasion d'un décapage de terrain, B.Flament, membre du Groupe de Recherches Archéologiques du Littoral Dunkerquois, avait observé la présence de céramiques des XVIIème-XVIIIème siècles, de briques et de tuiles en grande quantité. Une intervention fut réalisée pour sauver ce qui pouvait l'être.
Une série de semelles de fondations révèlent la trace de plusieurs structures liées à une exploitation agricole tournée vers l'élevage. Le matériel archéologique permet de les dater du XVIème siècle. Elles sont sans doute situées en périphérie de la ferme. Le mode de construction est mixte en bois et brique. Des sablières alternent avec des trous de poteaux et des semelles de briques. L'organisation de ces éléments ne peut être restituée parce que les constructions ultérieures et le décapage récent en ont fait disparaître la majorité des vestiges.
Une seconde phase d'occupation se manifeste par la présence de deux grandes fosses lenticulaires d'une profondeur maximale d'1 mètre, recouvrant en partie la séquence précédente. Leur intérêt réside dans le mobilier qu'elles contiennent, en particulier la céramique et le cuir. La moitié de la céramique est décorée à la corne.
Elle peut permettre une comparaison avec les découvertes de Zuydcoote et des autres sites de la côte dunkerquoise où on l'a trouve en moins grande quantité.
La majorité semble provenir des ateliers de Desvres. Le cuir découvert, semelles et lanières, permet de supposer qu'il était travaillé sur place. La présence de nombreuses tèles à lait confirme la pratique de l'élevage.
L'ensemble du site n'a pas été exploré et il semble que de nouveaux enlèvements de terre soient projetés. Une surveillance et une fouille préventive sont souhaitables. Plus globalement, la zone du Port Autonome de Dunkerque pose le problème de ces prélèvements qui ne donnent pas lieu à des autorisations particulières et sont donc peu prévisibles. Ils sont réalisés sur des terrains non cultivés, à l'emplacement de constructions des années 60, aujourd'hui détruites. Or les cartes du XVIIIème siècle montrent que l'habitat ancien est localisé au même endroit. Il y a là une menace de destruction de sites ainsi qu'une opportunité de recherche sur une période mal cernée de l'occupation dans cette partie de la plaine maritime.


Yves Beauchamp, Vincent Garénaux.GRAAL

 

Loon-Plage, Hameau des Dunes

N° du site : 59 359 007 AH

Une prospection réalisée en 1991 avait permis de révéler la présence d'un site des XIIIème-XIVème siècles au Hameau des Dunes, à proximité de la commune de Mardyck. Il était vraisemblable qu'il s'agissait d'un site pionnier du Moyen-Age, comme à Zuydcoote. La recherche a porté sur les limites de cet ensemble et la préservation de ces vestiges.
Il est clair que la présence d'une dune fossilisée sous les terrains actuels a été utilisée pour implanter l'habitat.
C'est une extrémité d'une ligne de dunes portant une série de gisements bien repérés des XIIème et XIIIème siècles. Il est tout aussi clair qu'il s'agit d'un établissement dont le but est la mise en valeur des terres situées dans l'estuaire de l'Aa, en particulier le long d'un de ses bras, l'Enna qui devait passer juste à l'ouest de la butte actuelle du village de Loon-Plage. Il faut remarquer aussi que l'implantation repérée est strictement localisée le long du bord occidental du Mardyckgracht, watergang dont les auteurs anciens font le débouché des eaux de l'intérieur dans le port présumé de Mardyck. Il a tout au moins servi de limite à cette implantation.
Les vestiges mis au jour sont très ténus: les cultures ont détruit une grande partie des structures et si un matériel important retrouvé dans la couche arable marque la présence d'habitats, la majeure partie de ces derniers ont été arasés par des labours profonds. Néanmoins, les observations suivantes ont été faites: présence de fonds de cabanes du début du XIVème siècle, peut-être organisées le long d'un fossé sans doute destiné à servir de limite avec ce qui semble être une voie de passage, comme l'attestent de profonds sillons parallèles alignés sur l'axe du watergang, contemporains des habitats et trop rapprochés pour être des traces de culture. Cette voie est très rapidement détruite par deux grandes fosses, sans doute pour utiliser le sable extrait, ce qui laisse supposer qu'il s'agit d'un tracé ponctuel. Les deux fosses ont servi de dépotoir par la suite, comme en témoigne la présence de poteries cassées sur place.
L'ensemble est arasé, peut-être pour la culture, puis sert d'emplacement à un nouvel habitat, cette fois en dur: une semelle d'argile est surmontée par un mur en briquaillons avec liant d'argile. Aucun sol d'occupation n'est en relation avec cette structure. Les vestiges de son effondrement ont été observés sur le côté sud du mur dans une couche contenant de la céramique à glaçure verte sur engobe. Elle permet de dater la destruction du XVIème siècle. Il n'est pas certain que ce dernier état marque une occupation continue du XIVème au XVIème siècles.
Ce sondage aux résultats limités peut permettre d'établir des comparaisons avec les sites fouillés à Gravelines et à Zuydcoote. Mais la poursuite de la recherche est nécessaire pour la compréhension de l'aménagement des terres basses sur le flanc est du golfe de l'Aa au Moyen Age et de l'évolution de l'habitat sur la commune de Loon-Plage.

Yves Beauchamp, Marc Deras, Benoît Rosseel.GRAAL